Engagée dans des études d’aide-soignante, Océane met sa carrière entre parenthèses pour des raisons familiales et travaille pendant 10 ans dans la restauration.
Rattrapée par son envie profonde d’aider autrement, elle reprend finalement le chemin du soin en redevenant aide-soignante, tout en nourrissant un rêve : se former à la dermopigmentation réparatrice pour accompagner les femmes après la maladie.
Aujourd’hui, elle avance pas à pas vers ce projet de cœur, avec l’idée de créer un lieu d’accueil où soin, écoute et reconstruction se rencontrent 🤍.
Merci Océane pour ce témoignage émouvant.
Notre entretien avec Océane
Alors, j’étais dans la restauration. À la base, j’ai fait des études d’aide-soignante, mais j’ai vite arrêté pour des problèmes familiaux. Et puis, j’ai travaillé dans la restauration pendant 10 ans. Ça faisait presque 6 ans que je voulais changer de métier, faire de la dermopigmentation… mais malheureusement, mon travail ne me permettait pas d’avoir le temps nécessaire pour vraiment m’y consacrer.
J’ai eu le courage, il y a 3 ans, de tout arrêter et de reprendre mes études pour redevenir aide-soignante. Ça m’a permis d’avoir une vie personnelle, parce qu’avant, je n’avais plus de vie… Je ne voyais plus ma famille à cause du boulot dans la restauration. J’ai passé mon diplôme il y a deux ans et demi, et ça m’a permis enfin d’intégrer la dermopigmentation, de rejoindre votre école. Ça faisait presque 7 ans que je voulais faire ça, et je n’en voyais pas le bout. Je pensais que je n’y arriverais jamais…
Parfois, on n’a pas le courage, on a une vie de famille, les finances… et on se dit qu’on n’y arrivera pas. Et en fait… si, on y arrive quand même. Le Covid m’a fait réaliser que l’argent ne fait pas tout dans la vie. Je me suis dit qu’il fallait que je prenne les devants, surtout que ma maman a eu un deuxième cancer du sein il y a 5 ans. Et je n’ai même pas pu la voir… Elle habitait à Lyon, moi sur la Côte d’Azur, et mon patron — qui est aussi mon oncle — ne m’a autorisée à y aller que deux fois dans l’année…
J’ai été très malheureuse… (silence) Pardon… Mais du coup, j’ai tout arrêté. Ça m’a mis un coup dur, et je me suis dit : « Si un jour, ma famille a encore un problème, je ne pourrai même pas être là, les soutenir, les aider… » Et j’en étais très malheureuse. Ça faisait déjà longtemps que j’étais malheureuse dans mon métier. Alors j’ai sauté le pas, même si j’avais peur de m’enfoncer encore plus.
Et voilà, maintenant je suis là, et je suis très contente. J’espère qu’un jour, je pourrai vraiment en faire mon métier. Mais j’avance doucement… La vie m’a appris qu’à tout vouloir d’un coup, on risque de faire des bêtises et de s’écrouler plus vite. Donc je fais les choses petit à petit. Pour l’instant, je n’ai pas l’intention d’ouvrir quelque chose, parce que je veux encore me perfectionner.
J’aimerais vraiment créer un concept autour de ça, avec d’autres femmes… Pas juste de la dermopigmentation, mais aussi de la sophrologie, des produits adaptés aux femmes qui ont eu un cancer… Un endroit où elles pourraient venir à toutes les étapes de leur état de santé, se croiser, se soutenir. Qu’il y ait un vrai partage, que celles qui ont terminé leur parcours croisent celles qui commencent, pour qu’elles comprennent qu’il y a une fin, et une fin joyeuse. Bon, c’est peut-être utopique, mais c’est vraiment ce que j’aimerais faire un jour.
Je suis aussi retournée vers le médical parce que, quand j’étais jeune, j’avais fait un BEP sanitaire et social. Ma maman est aide-soignante au bloc opératoire depuis 35 ans… Alors je me suis réorientée vers quelque chose qui me permettait de vivre, parce que les études ne duraient qu’un an. Je ne voulais pas être caissière… J’avais quand même été directrice de restaurant depuis l’âge de 22 ans, avec un bon statut et un bon salaire. Mais je ne me voyais pas refaire de longues études. Et puis, mon CV ne vaut rien en dehors de la restauration… et ça, c’est fini ! Je n’y remettrai plus jamais les pieds, même pour me faire un petit billet, c’est hors de question.
Aujourd’hui, je suis aide à domicile. Je ne voulais pas travailler à l’hôpital, avec des journées de 12h, trop intenses. À domicile, c’est plus individuel, plus personnel, on peut vraiment prendre le temps de s’occuper des patients, et c’est ce que j’aime.
Au début de la formation, j’étais super contente, mais les dessins ont été très compliqués. Il y a toute une compréhension technique et du vocabulaire qu’on ne maîtrise pas tout de suite. Avec Florence, au début, c’était un peu compliqué de tout comprendre. Mais la formation est bien structurée, elle est vraiment complète, donc au final, ça a été plus facile à assimiler.
Après, forcément, j’ai eu des difficultés sur certains travaux, notamment les mamelons en noir et blanc. Ça m’a pris beaucoup de temps. À un moment, je me suis même dit que je n’y arriverais pas… J’ai remis en question ma capacité à réussir. Mais il faut juste faire une pause et reprendre quelques semaines après. Alors oui, j’ai mis plus de temps que certaines pour les mamelons en noir et blanc, mais au final, c’est passé.
La formation est vraiment bien, très complète. Je pense qu’elle est accessible à tout le monde, quel que soit le niveau. Il y avait une autre formation à Nice, mais elle ne durait que 4 jours… Et je ne voyais pas comment c’était possible d’apprendre autant en si peu de temps.
Je suis très contente d’être ici, j’avais hâte de vous rencontrer, de suivre cette formation, de faire ce stage… et j’en suis vraiment ravie ! Je repars avec énormément de connaissances, même s’il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais c’est le début d’une nouvelle aventure, d’une autre séquence.
C’est un défi, mais ça fait du bien. Il y a une petite progression, et j’ai espoir que ça marche vraiment. Je me sens armée pour avancer, et surtout, on est très bien entourées. Je sais qu’Audrey sera là, même après la formation. Je pense que ça peut être vraiment super, avec tous les projets qu’elle a pour l’association.
J’aimerais même en faire partie ! Malheureusement, pour l’instant, je n’ai pas le temps… Mais peut-être en fin d’année, ou au début de l’année prochaine, je pourrai m’investir et aider à démarcher les hôpitaux, puisque je travaille déjà dans le domaine. Ce serait dommage de ne pas saisir cette chance… pour l’association, pour moi, et pour les filles qui en font partie.
